La Chine se pose en superpuissance verte après son parc solaire flottant
Après avoir longtemps arboré l’étendard du mauvais élève sur la question climatique, Pékin devient un titan en matière d’énergie propre. Avec Donald Trump qui a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord historique de Paris sur le climat, la Chine se positionne plus que jamais comme leader mondial dans ce domaine.
Le scénario est inédit et à peine croyable, mais le plus grand pollueur du monde mène pourtant une véritable révolution écologique. Depuis le 23 mai, la Chine qui est d’ores et déjà le premier investisseur au monde dans l’énergie propre, a mis en service la plus grande installation photovoltaïque flottante de la planète. Cette structure qui se situe près de la ville de Huainan, dans la province d’Anhui est dotée d’une puissance de 40 MW, et devrait générer en moyenne 23 GWh d’électricité par an, assez pour alimenter 15,000 maisons quotidiennement.
Ce parc flottant est d’autant plus estimé vu qu’il diminue l’utilisation des terres et n’encombre donc pas les zones peuplées. De plus, il fournirait un meilleur rendement que les parcs terrestres grâce à la surface froide de l’eau. Qui plus est, ce genre d’exploitations diminue l’évaporation de l’eau selon son fabricant, la compagnie Sungrow Power Supply. L’investissement total du projet se chiffre à 27,2 millions d’euros incluant les panneaux photovoltaïques bleus fournis par Xinyi Solar.
Déjà, en février dernier, la Chine avait inauguré la plus grande centrale solaire du monde près du barrage de Longyangxia dans la province de Qinghai. Dotée de 4 millions de panneaux solaires, la centrale est d’une superficie proche de celle du Macao avec ses 27 kilomètres carrés. Elle a une capacité de production titanesque de 850 MW, suffisante pour alimenter jusqu’à 250 000 foyers par jour. Après ce premier record s’ajoute donc une deuxième prouesse au palmarès de la Chine grâce au parc d’Huainan.
Comble de l’ironie, ce dernier se tient sur une ancienne mine de charbon devenue inexploitable puisqu’inondée. Ce parc solaire redonne donc vie à cette zone autrefois carbonifère – une image symbolique de la démarche chinoise dans son ensemble.
D’ici 2030, la Chine s’est engagée à baisser sa quantité d’énergie provenant des combustibles fossiles par un étourdissant 80% du total actuel.
Cependant, la Chine reste le plus grand émetteur du monde de carbone à cause de sa dépendance au charbon. Mais plus pour longtemps si l’on en croit ses ambitions. D’ici 2020, le pays de Xi Jinping a promis de consacrer plus de 320 milliards d’euros (environ 360 milliards de dollars) à des sources d’énergie renouvelables. Ce qui se traduirait par la production de 210 GW d’énergie éolienne et 110 GW d’énergie solaire dans le cadre d’un dessein audacieux destiné à réduire sa pollution et ses émissions de carbone. 13 millions d’emplois seront créés dans le processus. Et d’ici 2030, la Chine s’est engagée à baisser sa quantité d’énergie provenant des combustibles fossiles par un étourdissant 80% du total actuel.
Cet engouement de la Chine pour l’énergie propre est principalement dû à deux raisons. La première : la chute dans les coûts de l’énergie photovoltaïque depuis 2016. Cette source devenait alors moins chère que les combustibles fossiles – tels que le charbon, dans plus de trente pays. Cette tendance devrait s’accentuer dans les années à venir selon le Forum économique mondial. Ainsi, l’installation et l’exploitation des technologies vertes peuvent aujourd’hui se faire à faible coût et rapidement. Deuxièmement, la Chine a été marquée par des épisodes répétés d’une dense brume toxique appelée smog qui avaient attisé une vive colère publique. S’ensuivit le port inéluctable de masques anti-pollution et des records de hausses des températures. Pékin comprit alors qu’il devait prendre des mesures urgentes pour apaiser sa population.
Du coup, les initiatives écologiques sont en plein boom dans l’Empire du Milieu. Sungrow vient d’annoncer que des travaux étaient en cours dans la même région pour la construction d’une nouvelle centrale flottante d’une capacité de 150 MW. Quant a Xie Xiaoping, président de Huanghe Hydropower Development, l’entreprise publique derrière le parc photovoltaïque de Longyangxia, il a déclaré que les autorités de Qinghai étaient si convaincues que l’avenir de la Chine était vert qu’ils planifiaient sous peu deux nouveaux parcs solaires ayant une capacité réunie de 4GW sur le plateau tibétain. Ces projets les uns plus colossaux que les autres, conforteraient la Chine comme une figure de proue – jusqu’à récemment inconcevable, dans la lutte contre le changement climatique.