C’est une première en Europe et un grand pas vers la transition à zéro émission de CO2. L’entreprise française Global Bioenergies vient de concevoir de l’isobutène, un gaz incolore inflammable, qui peut être transformé en carburant. Et le produit tient visiblement la route puisque même un géant allemand de l’automobile a passé sa commande.
Global Bioenergies est basée sur le site agro-industriel de Pomacle, près de Reims. L’entreprise fabrique des hydrocarbures à partir d’un gaz obtenu par fermentation de biomasse.
Le procédé est simple. Dans un bac de 500 litres, du glucose ou du saccharose sont fermentés. Ce sucre sera converti en isobutène grâce à des bactéries génétiquement transformées. Egalement appelé isobutylène, ce gaz est l’un des principaux éléments de la pétrochimie.
C’est dans les années 1990 que la production d’isobutène s’est fortement développée. Toutefois il y a eu un autre tournant en 2010 avec l’émergence de la production par fermentation à partir de biomasse (micro-algues, sucre, déchets, végétaux…).
Selon Jean-Baptiste Barbaroux, un des directeurs de Global Bioenergies, «l’utilisation de l’isobutène varie en fonction du traitement que l’on en fait. Après transformation, on peut obtenir du carburant mais aussi du kérosène, du caoutchouc, du plastique, du lubrifiant, du plexiglas…»
C’est ainsi qu’Audi a récemment reçu de Global Bioenergies la livraison d’un premier lot d’isobutène dérivé de l’isooctane, un carburant pour les moteurs à essence. Marc Delcourt, PDG de Global Bioenergies explique que : «l’isooctane est une essence de qualité supérieure, affichant à la fois un indice d’octane élevé et une faible volatilité. Cibler sa production à grande échelle va bénéficier de l’extension de notre processus de compatibilité pour diverses matières premières qui ne sont en concurrence ni avec la nourriture, ni la production d’aliments.»
Première production d’isobutène à partir de la paille de blé en partenariat avec Clariant.
Le géant allemand de l’automobile et la société française ont aussi signé un nouvel accord afin de rendre la technologie de Global Bioenergies accessible pour les sources dérivées de carbone non-biomasse tels que les CO2 ou CO et des sources d’énergie telles que l’hydrogène verte produite à partir de l’énergie éolienne ou solaire.
Mais Global Bioenergies ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Elle vient de lancer la première production d’isobutène à partir de la paille de blé en partenariat avec Clariant.
Face à l’épuisement imminent des réserves de pétrole, cette essence renouvelable assure une énergie plus durable et moins néfaste pour la planète.