Tout a commencé par une pétition « stop au gâchis alimentaire » en Hauts-de-Seine, en France. Récoltant des centaines de milliers de signatures, elle a pris de l’ampleur à une vitesse fulgurante. Cette mouvance nationale permet aujourd’hui à la France de se réjouir d’être devenu le premier pays au monde à interdire le gaspillage alimentaire en renforçant le cadre légal.
Annuellement, chaque foyer français jette en moyenne 20 à 30 kg de nourriture, selon le rapport intitulé « Lutte contre le gaspillage alimentaire : propositions pour une politique publique » soumis par Guillaume Garot, député PS de la Mayenne et ancien ministre chargé de l’agroalimentaire. Ce qui est encore plus accablant est le fait qu’un tiers de ces produits n’a même jamais été déballé. La nouvelle loi contre le gaspillage alimentaire, adoptée en février 2016, vient freiner cette tendance.
Votée à l’unanimité, elle vise notamment à réduire le gaspillage alimentaire dans les grandes surfaces. De ce fait, ces dernières ne peuvent plus jeter les aliments ou rendre les produits impropres à la consommation. Javelliser les aliments invendus et les bennes était une pratique courante adoptée par des grandes surfaces. Elle visait à empêcher les sans-abris ou autres individus de récupérer ces aliments.
Sous ces nouvelles dispositions législatives, les supermarchés de plus de 400m2 doivent obligatoirement faire don des produits alimentaires comestibles mais invendus à des associations caritatives avec qui ils devront signer un accord. Les grandes surfaces ont un an devant elles, à compter de la date de la promulgation de la loi, pour revoir leur système.
Elles se retrouvent ainsi contraintes à faire preuve de meilleure gestion des produits alimentaires et à revoir la manière dont les consommateurs sont informés sur les denrées, notamment celles dont les dates de péremption approchent.
Afin qu’elle soit respectée comme il se doit, la loi prévoit aussi des sanctions envers les distributeurs des denrées alimentaires qui continueront à détruire volontairement des produits encore comestibles. Dans les cas où ces aliments ne sont plus consommables pour les humains, il est proposé que la nourriture pouvant être récupérée soit transformée en alimentation animale ou encore, en compost.
Cette loi devra également permettre que « 10 millions de Français mangent à leur faim », selon Arash Derambarsh, le conseiller municipal « Les Républicains » de Courbevoie (Hauts-de-Seine) qui est derrière la pétition « stop au gâchis alimentaire ». Il a sollicité le soutien du Président François Hollande et sa démarche s’est révélée fructueuse. La pétition a été présentée et acclamée au Sénat ; la loi, elle, a été promulguée le 11 février 2016.
Ce nouveau cadre légal est un grand pas dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Sur ce sujet, il prévoit aussi d’intégrer un programme bien défini dans le cursus scolaire du pays pour que les enfants apprennent, dès leur plus jeune âge, à devenir écoresponsables. Il vise en outre à pousser les entreprises à inclure des mesures prises contre le gaspillage dans leur bilan social et environnemental.