Trop pauvres, elles ne pouvaient aspirer à une sécurité d’emploi, de revenus, d’alimentation ou à une couverture sociale. Mais grâce à une association œuvrant depuis quatre décennies, elles sont maintenant indépendantes à la fois sur le plan économique et en termes de leur capacité de prise de décision.
Encourager le développement rural et réduire la pauvreté en Inde grâce à des initiatives locales dont le but est d’autonomiser les femmes et les jeunes vivant en milieu rural. Tel est l’objectif de la SEWA (Association des Femmes Indépendantes) basée dans l’Etat du Gujarat, dans l’Ouest du pays.
La SEWA a été créée en 1972 sous la forme d’une coopérative pour les femmes qui vendent leurs produits dans les rues, et s’est agrandie en 1974 en Banque coopérative. Aujourd’hui, la SEWA est un large réseau de coopératives présentes dans différentes sphères d’activité. D’après l’une des fondatrices Ela Bhatt, l’énergie motrice de ce travail vient de la ferme conviction que «si les pauvres sont organisés et construisent leur pouvoir, alors le marketing social peut renforcer l’économie locale.»
La SEWA veille à l’autonomisation économique des femmes et les organisent pour un emploi à plein temps. «Il faut que les femmes obtiennent la sécurité du travail, la sécurité du revenu, la sécurité alimentaire et la sécurité sociale (au moins les soins de santé, de garde d’enfants et le logement). Par autonomie, nous entendons que les femmes devraient être autonomes, individuellement et collectivement, à la fois sur le plan économique et en termes de leur capacité de prise de décision.
Si les pauvres sont organisés et construisent leur pouvoir,
alors le marketing social peut renforcer l’économie locale
Actuellement, la Banque SEWA avec 125 000 membres est la plus grande coopérative dans le réseau SEWA. Pour répondre au besoin des producteurs de lait, artisans, vendeurs, commerçants, travailleurs manuels et autres professionnels du service, quelques coopératives sont à leur disposition.
Toutefois le développement de la SEWA n’a pas été un long fleuve tranquille. Comme les femmes sont pour la plupart des petites entrepreneuses, elles n’arrivaient pas à faire une percée sur les marchés et la SEWA est venue à leur rescousse. L’association est donc entrée en jeu comme une facilitatrice pour le bien-être de ses membres. Ainsi elles ont pu écouler leurs produits, fabriqués artisanalement, sur le marché. Dans un autre ordre d’idées, la SEWA est entrée en jeu afin que ses membres puissent vendre directement leurs grains aux grands acheteurs sur le marché national.
Autre membre de SEWA qui s’est jeté dans la bataille : Reema Nanavaty. Elle a démissionné d’une institution gouvernementale indienne pour travailler avec l’association. « Les démarches de la SEWA sont guidées par la conscience que le fondamentalisme du marché tend à fleurir lorsque ceux-ci sont sous le contrôle de quelques-uns », explique t-elle.
La SEWA a alors pris la décision d’ouvrir un accès plus large au crédit et un lieu de rencontre plus équitable où acheteurs et vendeurs négocient les termes de la transaction. Pour Nanavaty, la SEWA s’est concentrée sur la mise en place d’institutions qui peuvent gérer les processus du marché.
Les réussites de la SEWA l’ont fait connaître parmi les agences de développement internationales. Elle vient de signer un nouveau Protocole d’accord avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO). S’appuyant sur des années de partenariats fructueux, les deux organisations souhaitent intensifier les efforts conjoints visant à renforcer les capacités des populations pauvres pour qu’elles puissent bénéficier de ces économies rurales, notamment en ce qui concerne l’implication et l’autonomisation des femmes et des jeunes en milieu rural. Selon ces deux Organisations, des collectivités rurales fortes et dynamiques peuvent jouer un rôle essentiel en apportant des améliorations en matière de sécurité alimentaire et de nutrition.