Neal Gorenflo est le co-fondateur et éditeur de « Shareable », un magazine en ligne à but non lucratif axé sur le partage et l’innovation sociale évolutive. Il a donné récemment une conférence à Buenos Aires sur le partage économique en mettant en évidence le potentiel de la prise de décision et de la propriété.
Q : Comment décririez-vous l’économie de partage ?
R : Actuellement, l’économie de partage se cristallise autour de la technologie et se retrouve surtout sur les plates-formes d’échanges qui aident les gens à vivre un mode de vie où l’accès est plus important que la propriété.
Ainsi, la technologie n’est plus le centre de l’histoire, ce sont les utilisateurs et leurs interactions qui le deviennent par leurs façons de réorganiser leurs vies, leurs communautés et leurs villes pour partager des ressources et renforcer l’économie.
Q : Peut-on considérer qu’Uber et Airbnb font dans l’économie de partage ?
R : Par plusieurs aspects oui ! Il y’a là un peer-to-peer dynamique qui peut être très positif. Le souci, c’est que tous les bénéfices tombent principalement dans l’escarcelle de ces deux sociétés.
Ces retombées devraient être partagées plus équitablement.
Q : Uber est maintenant sous contrôle à Buenos Aires City, quel est votre avis sur la question ?
R : Le concept d’Uber était bon, à la base. Le problème réside dans leur éthique et leurs pratiques commerciales. Je dis oui à l’idée de services comme Uber, mais je dis non à ce genre de comportements carnassiers.
Q : Comment travaillez-vous avec les états et les administrations pour les sensibiliser à l’économie de partage?
R : Les villes peuvent travailler ensemble et mettre en œuvre des politiques et des plates-formes similaires. Ils peuvent créer des logiciels propres à leurs habitants et à leurs besoins. La technologie utilisée par Airbnb et Uber n’est pas très sophistiquée. Il ne s’agit donc pas d’une barrière technologique mais plus d’une volonté politique.
Q : La plupart des startups fondées sur l’économie de partage ont maintenant beaucoup grandi. Comment maintenir les valeurs de l’économie de partage?
R : Lorsqu’Airbnb était une « jeune pousse », avant que l’argent ne commence à arriver, c’était tout simplement moins cher, plus amusant et plus convivial. Par la suite, ils se sont concentrés sur la croissance au détriment de l’expérience, les utilisateurs de longue date ont remarqué ce changement. Mais bon, ce n’est pas une fatalité ! Il existe des plates-formes qui fonctionnent sur lesquelles les utilisateurs et les fournisseurs sont les propriétaires et les décideurs.
Q : Quels sont les principaux défis à venir pour l’économie de partage?
R : Nous ne devrions plus nous demander ce qui est bon pour l’économie, nous devrions nous demander ce qui est bon pour nous en tant qu’êtres humains.
La question est de savoir comment nous pouvons façonner l’économie de partage pour atteindre nos objectifs personnels et sociaux.
Voilà le plus grand défi à relever.
Q : Quels secteurs pourraient tirer profit de l’économie de partage?
R : Une pléthore. L’éducation, les soins de santé et la garde d’enfants pourraient gagner beaucoup en utilisant l’économie de partage.
Q : Que conseilleriez-vous à un entrepreneur qui veut s’impliquer davantage dans l’économie de partage?
R : Si vous souhaitez obtenir un avantage concurrentiel et développer votre service rapidement, la meilleure façon c’est de donner la propriété et la prise de décision à vos utilisateurs.